Poème de Léna

Pour ma grand-mère…

Ce coin près du buffet, c’était pour ma grand-mère,

Quand elle n’y était pas, elle était dans son lit.

Pour ne point l’attrister, nous nous devions de taire,

Ce terrible tourment, sa longue maladie.

Elle m’avait apporté ma première tendresse,

Mes premiers pas, aussi me les avait appris,

Elle avait, je dois dire, pour moi, tant de faiblesse,

Que je l’encourageais à trop de gâteries.

Grattant sa mandoline, elle aimait me chanter,

Ses chansons de la paix, ses chansons de la guerre,

Et parfois je voyais, dans ses doux yeux briller ;

Un soupçon de bonheur, un moment de colère.

Combien j’aimais baiser tes joues toujours bien roses,

Ta peau était velours comme un enfant petit,

Et je dois bien te dire, aujourd’hui, oui, je l’ose,

Que tu étais pour moi, chère mémé, ma folie.

Puis d’années en années, tu devins si petite,

Qu’il te fallut pour canne, t’appuyer contre moi.

Tes cheveux étaient blancs et je compris bien vite,

Qu’il me faudrait t’aider à faire tes derniers pas.

Je n’étais qu’une enfant lorsque tu t’en allas,

Je ne comprenais pas, pourquoi tu me quittais,

Tu m’étais nécessaire, j’avais besoin de toi,

Et personne désormais, comme toi, ne m’aimerai !

Ce petit coin de terre, il est pour ma grand-mère,

Surtout ne pleurez pas, elle dort dans son grand lit,

Même s’il est couvert de fleurs ou de poussière,

Je sais que dans mon cœur, elle ne s’est qu’endormie.